Le 14 Juillet et la Révolution en Provence. Des documents à la loupe !

Cahier de doléances des négociants et armateurs de la ville de Marseille, 1789, page 1. Arch dép. des Bouches-du-Rhône, 4 F 4

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La célébration annuelle du 14 Juillet est l’occasion de revenir sur quelques documents conservés aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône qui jalonnent le temps de la Révolution en Provence depuis l’ouverture des états généraux en mai 1789 jusqu’ à la prise du château des Tuileries le 10 août 1792, des heures auxquelles Marseillais et Provençaux prirent leur part.

1789 : la préparation des états généraux

En 1789, la famine sévit dans le royaume et la crise financière bat son plein et le roi Louis XVI convoque les états généraux, assemblée extraordinaire réunissant des représentants des trois ordres (clergé, noblesse et tiers état), ce qui donne lieu à l’élection dans les provinces des députés qui y siègeront. En cette occasion différents groupes d’habitants rédigent des cahiers de doléances, dont les Archives départementales conservent de précieux exemplaires, comme celui des négociants et armateurs de la ville de Marseille. 

1790 : fondation des clubs patriotiques et de la Garde nationale pour soutenir les principes de la Révolution et les droits civiques.

À la veille de la Révolution fleurissent des sociétés de pensée appelées aussi des clubs, inspirées des clubs anglais dont le nom est d’ailleurs emprunté à la langue anglaise. Le club des Amis de la Constitution est fondé à Paris en 1789 pour préparer les débats et les textes débattus par la nouvelle assemblée constituante qui travaille à l’élaboration de la Constitution. Installé dans le couvent des Jacobins, il est appelé communément le club des Jacobins. Rapidement des filiales sont créées en province, dont à Marseille, le club des Amis de la Constitution, fondé le 11 avril 1790 et se réunissant rue Thubaneau, sur le site de l'actuel Mémorial de la Marseillaise. Partisants convaincus du nouveau régime, certains de ses membres appartiennent aussi à la Garde nationale. 

La Garde nationale est créée en 1790, tout d’abord à Paris, puis dans les villes de province. Les gardes nationaux sont des volontaires, soutiens très actifs de la révolution, dont la mission est dans un premier temps de combattre les soulèvements contre-révolutionnaires à l’intérieur du pays. Au temps de la «Patrie en danger », ils seront engagés face aux armées étrangères des pays coalisés contre la France.

1792 : des fédérés à la prise du palais des Tuileries

Jusque là, même si certains révolutionnaires souhaitent la déchéance du roi et la proclamation de la République, la plupart ont encore confiance dans le monarque et ne songent pas à remettre en cause le système politique de la monarchie. 

Cependant, en 1792, l'invasion de la France par les forces coalisées des armées étrangères et des émigrés semble imminente et Louis XVI et Marie-Antoinette sont accusés de complicité avec l’ennemi. 

L’Assemblée décrète alors la levée dans les départements d’une force armée de 20 000 volontaires fédérés devant se rassembler dans la capitale le 14 juillet à l’occasion du deuxième anniversaire de la Fête nationale de la Fédération (1790) et du troisième anniversaire de la prise de la Bastille (1789). Il s’agit surtout de protéger la Révolution des ennemis de l’intérieur et d’une invasion étrangère. Un bataillon de 517 hommes est levé à Marseille, il se compose de gardes nationaux, citoyens actifs payant un impôt équivalent à trois jours de travail.

À leur arrivée à Paris, les Marseillais, qui ont entonné le "chant de guerre pour l'armée du Rhin" qui deviendra La Marseillaise, trouvent la capitale en pleine effervescence. Des fédérés venus des quatre coins du royaume s’y retrouvent et la tension monte, la suspension du roi est demandée à l’Assemblée qui tergiverse. Le 10 août 1792, certaines des sections fédérées, dont des Marseillais, décident de marcher sur le palais des Tuileries où le roi séjourne et attaquent par surprise. La violente prise des Tuileries et la pression des insurgés sur l'Assemblée nationale conduit à la suspension des pouvoirs du roi et à la convocation d'une Convention destinée à préparer une nouvelle constitution.

Un mois plus tard, le 21 septembre 1792, la Convention nationale décrète l’abolition de la royauté et proclame la République.

Entre temps, « le chant des Marseillais » est devenu « l’hymne des Marseillais ».

La prise du château des Tuileries et l’arrestation du roi annoncent ainsi la fin de cette première période de la Révolution qui voit naître deux emblèmes nationaux : la fête du 14 Juillet et l’hymne de La Marseillaise.

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