Archives départementales

Madeleine Baudoin (3 août 1921 – 9 novembre 2005) a effectué sa scolarité au lycée Longchamp à Marseille (Bouches-du-Rhône). Après avoir été reçue au baccalauréat A (philosophie) en 1939, elle obtient à la faculté des lettres d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) une licence ès-lettres d’anglais (1942), puis un diplôme d’études supérieures de langues étrangères vivantes (anglais) dont le sujet était « Le problème social en Angleterre d’après Dickens et Disraëli » (1943). Elle passe ensuite un certificat d’études supérieures d’études pratiques russes (1955) à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Elle reçoit en 1959 la mention très honorable à la faculté des lettres de Caen (Calvados) pour sa thèse de doctorat d’université « Histoire des Groupes Francs (M.U.R.) des Bouches-du-Rhône de septembre 1943 à la Libération ». Cette thèse, éditée en 1962, reçoit le premier prix d’histoire de l’Institut de France en 1965. Elle soutient ensuite une thèse de doctorat d’État à l’université d’Aix-Marseille I, « Témoins de la Résistance en région 2 » (1979). Après avoir été professeur d’anglais au lycée français de Prague (Tchécoslovaquie), entre 1945 et 1947, elle exerce au lycée Michelet de Marseille jusqu’en 1980.

Pendant la Seconde guerre mondiale, Madeleine Baudoin entre dans la Résistance en devenant membre des Groupes Francs de Marseille, sous le pseudonyme de Marianne Bardini, entre 1942 et 1944. Elle est agent de liaison et adjointe de Jean Comte, alias Lévis, responsable départemental. Sa connaissance de l’anglais lui permet de traduire les notices explicatives des armes et explosifs parachutés par les Alliés. Elle héberge des prisonniers évadés, organise des attentats et des évasions de résistants et participe militairement à la libération de Marseille. Mutilée de guerre, elle obtient la médaille militaire, la croix de guerre avec palmes, la médaille de la Résistance française et la croix du combattant volontaire de la Guerre 1939-1945. Très marquée par cette expérience, elle en relate les péripéties dans ses thèses universitaires et conserve toute sa vie des relations avec ses anciens compagnons d’armes.

 Politiquement engagée à gauche et militante de la décolonisation, elle est membre du réseau de soutien au Front de libération nationale (F.L.N.) pendant la guerre d’Algérie, héberge des clandestins et participe à diverses missions.

 Elle rassemble une importante documentation comme des tracts, des affiches et des journaux, sur des événements tels que la guerre d’Algérie et la crise de mai 1968, et surtout sur la Seconde guerre mondiale. Elle utilise ces documents et recueille de nombreux témoignages pour la rédaction de ses différents travaux universitaires.

 Elle est membre du comité d’histoire de la Deuxième guerre mondiale.

Professeur et historienne, Madeleine Baudoin a remis une partie de ses archives personnelles au Département des Bouches-du-Rhône afin qu’elles soient conservées aux Archives départementales (6 J 1-78). Le fonds Baudoin, déposé en 1970 par Madeleine Baudoin, s’est enrichi au fil des années par des apports successifs jusqu’en 1993. Ils concernent la Seconde guerre mondiale, ses activités au sein du comité d’histoire de la Deuxième guerre mondiale, et des journaux et revues. Après son décès, à l'été 2006, son frère Louis Baudoin verse aux Archives départementales le reste de ses documents (6 J 79-111).

Ce fonds rassemble quatre grands ensembles d'archives.

Une partie est constituée de notes manuscrites, de reproductions de documents, de revues et de documents inédits assemblés par Madeleine Baudoin pendant la seconde guerre mondiale puis sur cette période. Elle témoigne de son activité de résistance dans le sud de la France puis de son intérêt pour la mémoire de cette question.

Des archives relatives à la guerre d'Algérie rappellent également son engagement du côté du Front de libération nationale algérien.

La collection de documents illustrant d'autres mouvements revendicatifs nationaux et internationaux ainsi que des questions qui ont suscité des débats dans la société complète ce fonds et illustre les engagements et questionnements de Madeleine Baudoin. Cette partie est notamment riche par la collection de tracts, revues, journaux et la documentation locale. À partir de 1955 et surtout de mai 1968 de nombreux documents illustrent l’activité des mouvements des lycéens, syndicats et groupes politiques. Les tracts collectés à Marseille par Madeleine Baudoin lors des manifestations lycéennes syndicales ou politiques sont une matière vivante et inédite pour l’historien et constituent une source intéressante pour l’histoire des mouvements sociaux.

Un dernier ensemble documente son parcours académique et ses travaux de recherche ainsi que les procès qui lui ont été intentés à la suite de ses publications.

Centre historique des Archives nationales :

Fonds 72 AJ 1-2261, archives du comité d’histoire de la Deuxième guerre mondiale.

Institut d’histoire du temps présent :

Versement ARC 015, dix témoignages recueillis par Madeleine Baudoin auprès de personnes ayant été témoins ou ayant eu connaissance de tontes de femmes après la Libération.

Archives départementales des Bouches-du-Rhône :

Sous-série 40 J 1-67, coupures de presse se rapportant à la libération de Marseille (1944-1945).

Sous-série 43 J 1-17, archives de Lucien Gaillard, correspondant du comité d’histoire de la Deuxième guerre mondiale : épuration, tribunaux militaires, cour de justice, chambres civiques (1944-1947).

Sous-série 44 J 1-46, archives Giraud, correspondant du comité d’histoire de la Deuxième guerre mondiale : fichiers chronologiques de résistants et de déportés, photographies prises à la libération des camps (1944-1947).

Sous-série 51 J 1-3, archives de l’abbé Ambroise Cognac, ancien résistant, ancien aumônier de la 9 région militaire : Résistance, déportation (1940-1945).

Sous-série 55 J 3-9, 14-25, 34-42, archives de Pierre-Henry Rix (1905-1993), préfet : papiers du cabinet du préfet, carnets de guerre (1939-1946).

Sous-série 66 J 1-32, journal (1934-1944).

Sous-série 112 J 1-2, archives de Robert Senouillet (1907-1999), chef du réseau Cotre : Résistance, amicale du réseau Cotre (1938-1983).

Sous-série 124 J 1-25, archives de Max Juvénal (1905-1985), chef régional des mouvements unis de Résistance, président du Mouvement de libération nationale : papiers du Mouvement de libération nationale (1941-1948).

Sur la Résistance et la Seconde guerre mondiale.

BAUDOIN (Madeleine), Histoire des Groupes Francs (M.U.R.) des Bouches-du-Rhône de septembre 1943 à la Libération. Paris : Presses universitaires de France,1962.

BAUDOIN (Madeleine), Témoins de la Résistance en région 2. Thèse pour le doctorat d’Etat soutenue le 6 janvier 1979 devant l’université de Provence Aix-Marseille.

Dictionnaire historique de la Résistance. Sous la direction de François Marcot. Robert Laffont, 2006.

FRENAY (Henri), La Nuit finira. Mémoires de Résistance 1940-1945. Robert Laffont, 1973.

GAZAGNAIRE (Louis), Le peuple, héros de la Résistance. Témoignages de patriotes en Provence. Paris, 1971.

MENCHERINI (Robert), « Naissance de la Résistance à Marseille », dans Provence Historique, n°178, pp. 441-452, 1994.

MESLIAND (Claude), 1944, La Libération de Marseille. Cahiers de l’histoire de l’institut Maurice Thorez, 1974.

MICHEL (Henri), Histoire de la Seconde guerre mondiale. Paris : Presses universitaires de France, 1977.

OPPETIT (Christian), De la Résistance à la Libération. Marseille : comité départemental de commémoration du cinquantenaire de la Libération, 1994.

Sur la guerre d’Algérie.

BRANCHE (Raphaëlle), La Guerre d’Algérie, une histoire apaisée ?. Points Seuil, collection L’Histoire en débat, 2005.

HARBI (Mohammed) et MEYNIER (Gilbert), Le F.L.N., documents et histoire 1954-1962. Paris : Fayard, 2002.

HARBI (Mohammed) et STORA (Benjamin), La Guerre d’Algérie (1954-1994), la fin de l’amnésie. Robert Laffont, 2004.

MEYNIER (Gilbert), Histoire intérieure du F.L.N. Paris : Fayard, 2002.

THENAUD (Sylvie), Histoire de la Guerre d’indépendance algérienne. Flammarion, 2005.