
« Les jeunes filles sont élevées pour la vie privée, dans la vie privée, je demande qu’elles ne soient pas conduites aux cours, aux examens, aux diplômes, aux distributions qui préparent les hommes à la vie publique. »
Mgr Dupanloup, évêque d’Orléans, 1867
Au XIXe siècle, des femmes pionnières et féministes se lancent dans la bataille du droit à l’éducation, avant même dans celle des droits politiques. Considérée comme utile à leur futur rôle de mère, l’instruction des femmes devient progressivement un vecteur d’émancipation individuelle.
Contrairement aux garçons, futurs citoyens, qui bénéficient plus largement de l’instruction primaire, ainsi que de lycées publics dans les grandes villes, l’instruction des filles, futures mères, relève majoritairement de congrégations religieuses et laisse une place notable aux travaux d’aiguille et à la morale.
En 1850, la loi Falloux impose aux communes de plus de 800 habitants de financer des écoles primaires pour les filles, souvent confiées à des religieuses enseignantes. Les jeunes filles de bonne famille sont, quant à elles, envoyées dans des pensionnats religieux privés. L’enseignement secondaire à destination des filles est dispensé dans ces pensionnats ou dans des cours privés payants, qui ne préparent pas aux diplômes et dont les programmes sont très orientés vers les arts d’agrément et la morale.
Dans ce contexte, en 1861, Julie Daubié est la première femme à obtenir son baccalauréat en candidate libre, à l’âge de 37 ans. Dans les 12 années qui suivent, il y aura 14 autres bachelières.
En 1880, la loi Camille Sée constitue une avancée significative en instaurant la prise en charge par l’État de l’enseignement secondaire féminin. Toutefois, les nouveaux lycées publics de jeunes filles ne préparent toujours pas au baccalauréat et dispensent un enseignement très généraliste. Les lois Ferry de1881-1882 rendent la scolarité gratuite et obligatoire jusqu’à 13 ans pour les enfants des deux sexes. L’enseignement des filles étant traditionnellement confié à des femmes, le métier d’institutrice se développe, avec bon nombre de figures féministes, comme Louise Michel.
Au début du XXe siècle, de plus en plus de filles de la bourgeoisie revendiquent le droit de suivre les mêmes programmes d’enseignement que les garçons, de passer des diplômes et d’accéder aux études supérieures. Relayées par les mouvements féministes ces revendications sont entendues. En 1924, les programmes de l'enseignement secondaire ainsi que le baccalauréat deviennent identiques pour les filles et les garçons.