
Il y a 150 ans, le 11 novembre 1874 mourait, à seulement 45 ans, Henri Espérandieu le plus célèbre des architectes marseillais du XIXe siècle. Il est à la fois l’auteur du monument le plus connu de la ville, la basilique Notre-Dame de la Garde, et de celui qui est considéré comme le plus beau, le palais Longchamp.
Des origines modestes à l’École des Beaux-arts
Rien ne destinait à une carrière aussi brillante ce fils d’un modeste boutiquier né à Nîmes dans le faubourg de La Madeleine.
Il fait son école primaire dans une école mutuelle protestante. C’est au collège royal de Nîmes, où il est élève boursier à partir de 1840, que l’on décèle son aptitude au dessin et qu’on lui fait rencontrer l’architecte Questel, restaurateur des monuments antiques de la ville depuis 1840 et constructeur de l’église Saint-Paul entre 1840 et 1845.
Sur recommandation de Questel, il entre comme élève dans l'atelier parisien de l'architecte Vaudoyer, grand prix de Rome en 1826. Il y prépare et réussit le concours d'entrée de l'École des Beaux-Arts de Paris dont il suit le cursus de 1847 à 1851.
Une brillante carrière
Sa formation à peine achevée, il suit à Marseille son maître Vaudoyer, nommé en 1852 architecte en chef de la construction de la nouvelle cathédrale de La Major. Tout s'enchaîne désormais très vite pour Espérandieu. Bien que protestant, il voit son projet pour la basilique Notre-Dame de la Garde retenu. Sa construction durera plus de dix ans, de 1853 à 1864. À partir de 1854, il seconde Vaudoyer comme inspecteur du chantier de la cathédrale.
Les chantiers d'Espérandieu s'enchaînent : les soutènements de l'esplanade de la cathédrale en 1856, la colonne de l'Immaculée Conception, dite " la Vierge dorée", en haut du Boulevard d'Athènes, inaugurée en 1857.
La reconnaissance de ses talents n'est pas en reste : en 1861 il est membre de la commission des bâtiments civils et le 29 octobre 1867 il est nommé architecte en chef de la ville de Marseille. À ce titre, il rédige de nombreux rapports, sur l'église des Réformés en construction (1866), les travaux de la préfecture (1867), les aménagements du Pavillon Daviel en école de médecine (1869-1874), le cimetière Saint-Pierre (1870-1873) ou la démolition des remparts de La Ciotat (1873). On lui doit aussi le palais Longchamp (1862-1869), les pavillons d'entrée du Pharo (1863) et l'école des Beaux-Arts (Palais Carli, 1865-1874).
S'il a beaucoup construit à Marseille en peu d'années, il a aussi conçu des projets non retenus : une salle de concert (1859-1860), l'église Saint-Baudile de Nîmes dont il n'a pas obtenu le chantier parce que protestant, le palais de la bourse du Havre (1861), l'agrandissement de l'hôtel de ville de Marseille (1867).
En 1872, à la mort de Vaudoyer, il lui succède comme architecte en chef de la cathédrale en construction. Pendant ses dernières années, il conçoit des projets d'églises qui ne seront réalisées qu'après sa mort : Saint-Mauront (1868-1874), Saint-Giniez (1870-1874), Eoures (clocher) et Menpenti (1874).
Il décède le 11 novembre 1874 à son domicile, 59 rue Saint-Ferréol, d'une fluxion de poitrine.
Son décès est déclaré le lendemain par l'architecte André Pouron et le même jour, son corps est transféré dans sa ville natale où il est inhumé au cimetière protestant.
Sa notoriété est telle que cinq mois seulement après son décès, le 14 avril 1875, la rue de l'Union, qui passe devant le palais Longchamp, est rebaptisée rue Espérandieu.
Les Archives départementales conservent plusieurs fonds d'archives publics et privés relatifs à la carrière et aux ouvrages d'Espérandieu : 15 Fi -plans de travaux communaux, 70 V- églises et presbytères, 24J- Agence de construction de la cathédrale de La Major, 34 J-Notre-Dame de la Garde.
Retrouvez la vie et l'œuvre d'Espérandieu en frise chronologique sur ce lien.
Illustration : Statue de Joseph Allard dans la cour des Beaux-Arts de Marseille, via Wikimedia Commons