Le château de Vauvenargues, dernière demeure de Picasso

Environs d'Aix-en-Provence : Vauvenargues, château du XVIIe siècle, carte postale, Chrellan, Gauthier, XXe siècle. Arch. dép. Bouches-du-Rhône, 6 Fi 9849.

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Il y a 50 ans le 8 avril 1973 mourait Pablo Picasso à l’âge de 91 ans. Si tout le monde connaît l’artiste génial, peu de gens se souviennent qu’il est inhumé dans les Bouches-du-Rhône, dans le parc du château de Vauvenargues, au pied du versant nord du massif de de la Sainte-Victoire.

Né à Malaga en Espagne, ayant longtemps vécu à Paris et sur la Côte d’Azur, Picasso est décédé à Mougins (Alpes-Maritimes) où il a vécu ses dernières années dans sa propriété de Notre-Dame de Vie. Cependant, il avait acquis en 1958 le château de Vauvenargues entouré de plus de 1 000 hectares de terrain. Il avait eu, dit-on, un coup de foudre pour ces lieux peints par Cézanne qu’il admirait beaucoup. Il disait au sujet de sa propriété qu’il avait acheté « la Sainte-Victoire de Cézanne ». 

Historique du château de Vauvenargues

En achetant la propriété de Vauvenargues, Picasso achetait aussi un château pétri d’histoire, au nom déjà rendu célèbre par l’écrivain et moraliste Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues, au XVIIIe siècle.

En remontant plus loin dans le temps, Vauvenargues était le siège d’une seigneurie des comtes de Provence, cédée en 1257 aux archevêques d’Aix, revenue en 1473 au roi René qui en fit don à son médecin. En 1548, la seigneurie entra par mariage dans la famille de Clapiers qui reconstruisit le château dans sa configuration actuelle en 1643-1647. Joseph de Clapiers, père du célèbre moraliste, obtint le titre de marquis en 1722 en récompense de son dévouement lors de la grande peste de 1720.  Au moment de la Révolution, le dernier marquis vendit la propriété à Marie-Anne Pin, veuve de Jean-Antoine Isoard, secrétaire de la chancellerie du parlement de Provence, le 15 juillet 1791. La propriété resta dans leur descendance jusqu’à la seconde guerre mondiale lorsque la dernière héritière de la famille vendit le domaine le 4 février 1943. Plusieurs propriétaires se succèdent alors rapidement avant l’acquisition par Picasso en 1958.

Les circonstances de l’inhumation de Picasso

Picasso ayant séjourné rarement dans son château de Vauvenargues, le lieu de son inhumation surprit, de même sans doute que la discrétion de ses obsèques voulue par sa famille. Picasso n’avait pas laissé de testament. Il n’était pas possible de rapatrier son corps dans l’Espagne franquiste et la propriété de Mougins n’était pas envisageable car située en ville, la loi prévoyant que l’inhumation dans une propriété privée n’est possible que si cette propriété est située à une certaine distance de toute agglomération. Ce sont donc sa dernière épouse Jacqueline Roque et son fils Paul qui décidèrent du lieu de sépulture, mais aussi de l’organisation de funérailles très confidentielles pour un artiste aussi connu.

Pour éclairer ces quelques jours où cette décision fut prise, outre les nombreux articles parus dans la presse et notamment dans Le Provençal sur celui qui était alors le plus grand peintre vivant, et pour certains le plus grand peintre du XXe siècle, les Archives départementales conservent dans le fonds du cabinet du préfet de région un dossier qui nous permet de revivre presque heure par heure toutes les phases de l’organisation des obsèques.

Il est classiquement composé des pièces administratives mais aussi, et c’est ce qui en fait toute la richesse, de toutes les dépêches de l’AFP (Agence France-Presse) et spécialement celles du jour des obsèques permettant de suivre les évènements en direct depuis Vauvenargues au fur et mesure que le journaliste présent obtenait des informations pour les transmettre à Paris sans doute depuis une cabine téléphonique ou un café du village.

Fait tout à fait inhabituel en Provence en cette saison printanière, il a neigé dans la nuit du 9 au 10 avril 1973 et les photos parues dans la presse nous montrent le château, le village de Vauvenargues et le massif de la Sainte-Victoire sous un inhabituel manteau blanc comme si un clin d’œil du Ciel avait voulu recouvrir les lieux d’un linceul immaculé.

Le château de Vauvenargues est toujours une propriété privée. Jacqueline Roque y repose auprès de Picasso depuis 1986.

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