Jean Bouin, une « star athlétique marseillaise » *
Le 27 juin 2022 est l’occasion de célébrer le centenaire du rapatriement des cendres de Jean Bouin à Marseille, dans la pinède du carré 30 du cimetière Saint-Pierre où elles reposent. Son buste en bronze - œuvre du sculpteur marseillais Constant Roux - nous rappelle ce pionnier et champion d’exception, fauché en pleine gloire à 25 ans, le 29 septembre 1914 dans la Meuse comme plus de 400 sportifs qui périrent sur les champs de bataille de la première guerre mondiale.
Alexandre François Étienne Jean Bouin naît rue Coutellerie à Marseille, le 21 décembre 1888 et grandit rue Consolat. Il est scolarisé à l’école des Chartreux, quartier des Cinq-Avenues, où il a comme instituteur Joseph Pagnol, père de Marcel Pagnol. Sportif, pratiquant entre autres l’escrime et la gymnastique, il rencontre en octobre 1903 Louis Pautex, victorieux du premier marathon de Marseille, et sous sa conduite, se découvre rapidement des aptitudes et une passion pour la course à pied.
Élève à l’école pratique de l’industrie, rue de l’évêché, Jean Bouin participe à la création du club d’athlétisme de son école. En 1904, il remporte à 16 ans le cross inter clubs. Il est remarqué par la Société générale qui lui offre un emploi de coursier et il s’inscrit au Phocée club créé en 1902. Il remporte 14 des 17 courses auxquelles il participe sur la saison 1904. Sa notoriété s’accroît ensuite très rapidement puis il intègre le Club athlétique de la Société générale de Marseille.
Il va accumuler les titres nationaux et les records du monde : au total, il a battu cinq records du monde et vingt-deux records de France d’athlétisme.
Des méthodes d’entrainement innovantes
Précurseur, l’homme est soucieux de diététique, adepte de l’entrainement intensif et varié, et grand partisan de la Méthode Naturelle d’Hébert. Ce dernier, officier de marine et éducateur, est le promoteur d’une nouvelle méthode d’éducation physique qu’il développe dès les années 1910 en tant que méthode de renforcement musculaire et dont jean Bouin sera l’un des plus ardents disciples.
Exploits et performances : des records futuristes
Il fait du cross et de l’heure ses grandes spécialités à la course à pied.
Trois fois champion de France de cross (1910, 1911, 1912), triple champion du monde de cross-country (1911, 1912, 1913), recordman du monde du 10 000 mètres en 1911 (30’ 58’’, record de France invaincu jusqu’en 1942), recordman de France de l’heure, au vélodrome de Marseille en 1911 avec 18,588 km parcourus, champion de France du 5000 mètres en 1912, Il décroche la médaille d’argent sur 5 000 mètres aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912 derrière le Finlandais Hannes Kolehmainen qui pulvérise le record du monde de l’époque avec 14’36’’6 : Jean Bouin est à 2/10 du vainqueur.
La déception passée, il bat le record mondial de l’heure détenu depuis 1899 par l’Anglais Watkins en le portant à 19,021 km le 6 juillet 1913 toujours à Stockholm, ovationné par 15 000 spectateurs.
Ce record sera le dernier exploit international de l’un des plus grands sportifs français d’avant la première guerre mondiale. Deux ans après sa mort, son club de la Société générale donne son nom à son stade au milieu des serres de Paris dans le XVIe arrondissement, à l’emplacement actuel de Roland-Garros.
* Marseille, revue municipale, 05/2005, n°208
Pour aller plus loin
Archives départementales des Bouches-du-Rhône
Marseille. Revue municipale
- Phi 515 67, 04/2016 : n°251, p.36-37, Pierre Echinard, Jean Bouin, un athlète entré dans la légende du sport
- Phi 515 56, 05/2005 : n°208, p.36-38, Daniel Glaize, Jean Bouin, star athlétique marseillaise
Gamma 5956
René ESPANA, Jean Bouin de Marseille, Autres temps, mars 2000
Gallica.bnf.fr
La Vie au grand air : revue illustrée de tous les sports, 1914-02-28, 1913-07-26.
