Archives départementales

À l’origine existait la maison Giraud qui fabriquait, entre autres, des charrues vigneronnes qui s’exportaient en Algérie. Victor Arnoux, père du déposant, qui reprit l’affaire continua cette fabrication mais y adjoignit vite celle des motoculteurs. C’est ainsi que dans les années 1930, « Victor Arnoux constructeur » produisit, avec des moteurs achetés à l’extérieur, ses premières réalisations motorisées. Parallèlement, un garage automobile fonctionnait à Miramas et bientôt à Salon.

La Libération marqua le début d’une ère nouvelle. L’agriculture française se mécanisait massivement mais la production agricole était dominée par de petits et moyens exploitants aux moyens limités. La construction de petits tracteurs par des établissements semi-industriels profita de cette demande, d’autant que l’industrie française, ravagée par la guerre et l’occupation ne pouvait suffire à alimenter le marché. La singularité des établissements Arnoux fut de concevoir, dès le début des années 1950, un tracteur vigneron d’avant-garde qui servit de base à la production de la marque jusqu’à l’arrêt de la production trente ans après.

Ainsi, la petite entreprise de Miramas, loin de subir le sort de beaucoup de marques secondaires, rapidement ruinées par la concurrence des grandes firmes, continua sa production dans le secteur très spécialisé des tracteurs vignerons compacts.

Dans la période 1950-1970, les grandes marques proposaient des modèles pour la viticulture qui prenaient comme base des tracteurs « standard » qu’on transformait plus ou moins adroitement pour en rétrécir les roues et abaisser la hauteur. Les ateliers Arnoux proposaient au contraire des engins conçus dès l’abord pour les vignes. Avec leur capot caractéristique intégrant les phares, leur ligne surbaissée, une accessibilité au poste de conduite et une disposition des manettes de commande très étudiée, un rayon de braquage court, les « Arnoux » montraient la voie de l’avenir. Équipé au début de moteurs à essence, puis de diesel, munis de relevages spécifiques qui permettaient de dresser verticalement les outils, ils connurent un certain succès dans le Languedoc viticole, en Bourgogne, mais ne pénétrèrent guère en Provence proprement dite.

Cette spécificité de fabrication perdit toutefois de son intérêt au début des années 1970. Le maintien d’un relevage « maison » au lieu de celui dit « à trois points » permit certes à la firme Arnoux de vendre également l’outillage adapté à ses modèles. Mais ce choix empêchait tout passage vers le premier système et gênait les agriculteurs qui avaient plusieurs tracteurs de marque différente. Par ailleurs, les grandes marques commencèrent, vers cette époque, à proposer de véritables tracteurs  vignerons. Pour Arnoux, malgré l’adoption du relevage « trois points », la montée en puissance des moteurs, la sophistication de la mécanique, l’heure avait sonné d’une reconversion.

L’édification du complexe industriel de Fos permit aux ateliers d’opérer une sous-traitance métallurgique qui se maintint jusqu’à la fermeture de l’établissement.

L'activité des établissements Arnoux de Miramas n'est restituée qu'avec parcimonie. En effet, du fonds initial de cette petite entreprise, ne subsistent plus que des documents épars, essentiellement iconographiques. Ces quelques documents concernent essentiellement l’activité liée à la fabrication d’outils agricoles, de motoculteurs et de tracteurs.

Archives publiques :

5 M 380 : Etablissements classés. - Zrnoux, Miramas : garage (1924).

219 W Préfecture. - Industrie (1932-1974).

Archives privées :

1 J 415 : Brochures, prospectus et catalogues pour des tracteurs et machines agricoles (XXe siècle).

300 J : société Coq (1868-1967).

Ce fonds est publié dans l'inventaire Des plaines de la Durance au pays d'Aix, Conseil général des Bouches-du-Rhône, 1997.