Archives départementales

Face à la guerre et à l’occupation, des particuliers choisissent de prendre la parole dans la clandestinité, faisant ainsi acte de résistance. Le père Chaillet, professeur de théologie au scolasticat jésuite de Lyon, publie, dès l’automne 1941 et jusqu’en 1944, les Cahiers du témoignage chrétien, des brochures de plusieurs dizaines de pages sans périodicité fixe. Il fait ensuite paraître, à partir de mai 1943, Le Courrier français du Témoignage Chrétien un journal hebdomadaire, dont la rédaction est principalement assurée par André Mandouze. Cette publication est maintenue après-guerre et paraît à partir du 2 septembre 1944 sous le titre de Témoignage Chrétien. André Mandouze poursuit son activité, entouré de militants de la jeunesse étudiante chrétienne (JEC) et tente de développer un discours progressiste. Il prône une révolution tant politique que sociale et qui inclurait les communistes, mais suscite l’opposition du père Chaillet et d’autres membres de la rédaction pour qui le communisme constitue un danger pour la foi chrétienne. Témoignage Chrétien, proche de la démocratie chrétienne, développe donc un discours réformiste. Il défend le réformisme religieux en soutenant les initiatives apostoliques et missionnaires et regrette les limites imposées par le Vatican, mais reste fidèle à l’Eglise. L’hebdomadaire défend également un réformisme social et regrette de voir reculer les espoirs soulevés par la Libération. Enfin, il défend un réformisme politique et dénonce les orientations économiques et les choix en matière de décolonisation.

Cette dernière question conduit à une radicalisation du journal entre 1957 et 1967. Témoignage Chrétien signale initialement les méthodes de répression policière sans soutenir l’indépendance de l’Algérie ou les combattants algériens. Malgré sa modération, il fait l’objet de saisies et de censures, et soulève même des tensions entre catholiques. La Compagnie de Jésus se retire finalement de la publication. Le discours du journal évolue aussi pour défendre finalement l’accession à l’indépendance. En politique intérieure, malgré son soutien à de Gaulle lors des différentes crises, Témoignage Chrétien appelle à voter non aux référendums de 1958 et de 1962 et dénonce l’utilisation de la puissance atomique comme arme de guerre. Ces choix ont des conséquences sur la diffusion du journal qui serait passé de soixante mille exemplaires en 1956 à trente-quatre mille exemplaires en 1962. Le concile de Vatican II, qu’il salue avec enthousiasme, lui permet toutefois de renouer avec son lectorat.

À la fin des années 1960, Témoignage chrétien affirme sa posture politique et religieuse à gauche. Il prend la défense des Palestiniens dans le conflit israélo-arabe en 1967 et perd alors une partie de ses anciens fidèles. Il soutient également tous les mouvements de libération, qu’ils soient pacifiques ou violents. Il se rallie ensuite au mouvement de mai-juin 1968 en mobilisant les chrétiens et développe un discours de réformisme religieux et politique. Ces engagements relancent la visibilité du journal. À partir du milieu des années 1980, Témoignage chrétien perd les lecteurs déçus par les choix politiques de la gauche.

Le journal cesse sa publication sous forme papier en octobre 2012 et propose à partir de janvier 2013 une lettre hebdomadaire et un magazine trimestriel, sous forme numérique, et un site internet.

Ce fonds réunit des exemplaires de ce journal hebodamaire. La collection est toutefois lacunaire.

FOUILLOUX, Etienne. "Les cinq étapes de Témoignage chrétien". Vingtième siècle revue d'histoire, 2015/1, n°125, p. 3-15.

FOUILLOUX, Etienne. "Les cinq étapes de Témoignage chrétien". Vingtième siècle revue d'histoire, 2015/1, n°125, p. 3-15.