Archives départementales

Après son développement en Écosse et en Angleterre à la toute fin du XVIe siècle, la franc-maçonnerie apparaît de façon avérée en France au début du XVIIIe siècle, la première loge étant fondée à Paris par des Britanniques vers 1725. En 1738, la bulle In eminenti apostolatus specula du pape Clément XII condamne la franc-maçonnerie dans tous les pays européens mais, n’étant pas enregistrée par le Parlement, elle n’est pas appliquée en France. Vers 1744, une quarantaine de loges se répartissent également entre Paris et la province où elles sont généralement fondées par des maçons en déplacement pour leurs affaires ou par l'intermédiaire des loges militaires, au fil des déplacements de leurs régiments. La loge de la Parfaite sincérité, considérée comme la plus ancienne loge de Marseille, est créée le 16 février 1766 à Marseille et réunit alors 25 frères autour de Bernard Borde, le premier Vénérable maître.

À la veille de la Révolution, mille loges sont connues en France. Parmi les membres de ces loges, certains prennent une part active à la Révolution, comme Mirabeau, Desmoulins, Couthon, La Fayette, La Rouërie, Choderlos de Laclos et Rouget de l'Isle. La Parfaite sincérité soutient les idéaux de la Révolution et les frères plantent le 2 septembre 1792 dans le jardin de leur local un arbre accompagné de l’inscription « Liberté, égalité, fraternité ». Elle accueille, parmi les nouveaux frères, Joseph Bonaparte qu'elle initie le 8 octobre 1793.

Au début du XIXe siècle, de nouveaux courants apparaissent à côté des loges traditionnelles. De nouvelles loges demandent à être accueillies dans les locaux de la Parfaite sincérité qui propose de déménager pour les accueillir toutes dans de meilleures conditions. Elle s’installe alors rue Piscatoris en 1863, aujourd’hui devenue la rue Bédarride.

La progression de la franc-maçonnerie française est arrêtée par le régime de Vichy. Le 13 août 1940 une loi dissout les sociétés secrètes et en 1941 une loi applique le « statut des juifs » aux francs-maçons. Parallèlement, un service des sociétés secrètes, créé en 1941, est chargé d'orchestrer la propagande antimaçonnique et de répertorier tous les anciens francs-maçons, de les surveiller et de les radier des professions libérales comme de la fonction publique. Dans le même temps, les Allemands confisquent les archives des loges et notamment celles de la Parfaite sincérité et les emportent à Berlin. Elles sont ensuite conservées par les autorités russes à Moscou à partir de 1945 puis restituées à la France entre 1994 et 2000.

En 1966, à l’occasion de son bicentenaire, la Parfaite sincérité crée un nouveau sceau portant notamment trois étoiles qui représentent les âges maçonniques, le compas et l’équerre, symbolisant la supériorité de l’esprit sur la matière, et des lacs d’amour, symbole des liens fraternels entre les Francs-maçons.

Ces archives sont entrées aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône sous la forme de trois dons successifs entre 2011 et 2016 (juin 2016 et décembre 2016).

Ce fonds d’archives documente l’histoire de la loge Parfaite sincérité, loge fondée le 16 février 1766 à Marseille et toujours active aujourd’hui. Il se distingue par la collection régulière des procès-verbaux des tenues, également appelés « livres d’architecture ». Bien que lacunaire, cette collection couvre cependant une large partie de l’activité de cette loge entre 1860 et le XXe siècle. Le fonds contient aussi quelques pièces symboliques de cette association (sceaux).

Au-delà de l’histoire et de l’évolution spécifique de cette association, les archives de la Parfaite sincérité permettent aussi d’étudier les mouvements de pensées, les courants et opinions qui ont circulé en France à la fin du XIXe et au cours du XXe siècle mais aussi l’implication des membres de la loge dans l’histoire locale marseillaise, notamment dans le développement des écoles publiques.

La particularité de ce fonds réside dans l’histoire de sa conservation. En effet, au cours de la seconde guerre mondiale, les archives des loges maçonniques et notamment celles de la Parfaite sincérité, ont été récupérées par les autorités allemandes, le Sicherheitsdienst (Service de renseignements de sûreté) précisément, et envoyées à Berlin puis en Silésie. Elles sont récupérées par les Russes en 1945 pour être conservées à Moscou jusqu’au milieu des années 1990. À la fin de la guerre froide, des négociations aboutissent à la restitution des archives des obédiences et des loges maçonniques. Malheureusement, cette restitution traitée au niveau national aboutit à la conservation de l’ensemble des documents à Paris, aux Archives nationales et à la Bibliothèque nationale de France. Les archives les plus anciennes de la Parfait sincérité sont donc conservées à la BnF.

Le donateur interdit toute consultation, communication, ou reproduction de documents, pendant une durée de cinquante ans à compter de la date la plus récente de la période couverte par le document. Toute demande particulière doit être adressée au donateur du fonds. La consultation, la communication ou la reproduction de ces documents peut cependant être autorisée aux seuls membres de l’association et détenteurs d’une autorisation écrite, avec double signature du Président et du Secrétaire de l’Association Parfaite Sincérité, en exercice au moment de la demande. Sur saisine du demandeur, le donataire s’engage à demander cette autorisation par courrier au président de la Parfaite sincérité. Le donateur s’engage à transmettre au donataire, par courrier, l’autorisation de consultation. Un exemplaire de l’autorisation, et une pièce d’identité, sont présentés par le demandeur au donataire lors de sa venue en salle de lecture.

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Archives départementales des Bouches-du-Rhône

4 M – Police        1800-1940)

76 W 156, Cabinet du préfet, police, surveillance de l’opinion publique, 1940-1943

16 F – Papiers Castinel

24 F 174 PapiersLucien FONTANIER, Franc-maçonnerie et autres sociétésphilosophiques, XIX-XX siècles.

38 J 3-4 Papiers du Père Roger de la POMMERAYE, dossiers, notes personnelles, 1967-1976.

86 J 394 Activités d’Ello CASTEL au Grand Orient de France1956-1968

152 J - Grand Orient de France et Droit Humain   papiers Boyer), 1928-1998

160 J – les arts et l’amitié      1829-1988)

285 J – le phare de la Renaissance

294 J- fonds Dubousquet

9 AV 11/5 et 9 AV 11/6 Interviewd’Alain LERUSSI, éducateurspécialisé, anciendirecteur de l’ARS        association de réadaptation sociale) 1991-2006

Bibliothèque nationale de France

FM2 289         Dossiers I et II, correspondance de la loge au GODF 1781-1850, Dossier III, Tableaux 1782-1806

FM2 290         Dossier IV, Tableaux 1807-1847

FM2 739-740  Correspondance de la loge au GODF 1851-1875, Tableaux 1853-1875

FM2 80           Correspondance de la loge au GODF 1876-1878

FM2 81           Tableaux 1875-1888

FM2 83           Un registre 1875-1888, 2 registres 1901-1912

FM3 384         Livre d’architecture 1766-1777

FM3 385         Papiers divers de la Loge 1766-1782

FM3 386-395  Livres d’architecture 1782-1828

FM3 396         Papiers divers de la loge première moitié XIXe siècle

FM3 397         Papiers divers de la loge première moitié XIXe siècle

FM3 398-399  Livres d’architecture 1839-1852

FM3 400         Papiers divers de la loge première moitié XIXe siècle

COEURE, Sophie, La mémoire spoliée. Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique, Editions Payot, 2007.

MARTIN, Luis (dir.), Les francs-maçons dans la cité, Les cultures politiques de la franc-maçonnerie en Europe XIXe-XXe siècles, Presses universitaires de Rennes, 2000.

CHOLVY, Gérard (dir.), Histoire des francs-maçons en France de 1815 à nos jours, Editions Privat, 2000.

MERCIER, Jean-Marie et ZARCONE, Thierry, Les Francs-Maçons du pays de Daudet, Beaucaire et Tarascon Destins croisés du XVIIIe au XXe siècle, Edisud, 2004.

BEAUREPAIRE, Pierre-Yves, « Saint Jean d'Ecosse de Marseille, une puissance maçonnique méditerranéenne », in Les Cahiers de la Méditerranée, 2006.

« Paris-Berlin-Moscou, les archives retrouvées », in L’Histoire, numéro spécial intitulé « Les francs-maçons », juillet-août 2001.