Le riz de Camargue

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Brève histoire de l'implantation du riz en Camargue

Dans la première moitié du XXe siècle, la riziculture n’occupait qu’une portion congrue de l’agriculture camarguaise au profit du blé, de la vigne dont la submersion était un moyen de lutte contre le phylloxéra, et des prairies artificielles. Le riz n’était qu’utilisé de façon marginale pour favoriser la pénétration d’eau douce dans le sol, le rendant alors apte à supporter des plants de vigne. L’interruption des liaisons vers l’Indochine française par suite de sa prise par les Japonais en 1942 marqua le début d’une relance de cette culture. La superficie des rizières passa de deux cents hectares en 1942 à six mille cinq cents hectares en 1949. La culture du riz en France dépasse alors les limites de la Camargue et s’étend en bas Languedoc. Cette production est protégée par de lourdes taxes imposées aux riz d’importation. Le décret du 30 septembre 1953 instaure un mécanisme de primes à l’arrachage de la vigne afin de stabiliser le marché du vin. L’effet est rapide et les rizières, choisies comme culture de substitution, occupent 19 500 ha en 1960. Les rendements sont passés de 10 quintaux à l’hectare au début des années 1940 à 40 quintaux à l’hectare, rendant cette culture toujours plus rentable. Cette essor de la riziculture s’est accompagné d’un renouvellement des propriétaires fonciers, a transformé le paysage et a également attiré en grand nombre les ouvriers agricoles indispensables à ce type de production. La présence de cette main d’œuvre importante n’a pas empêché la rapide mécanisation de certaines opérations. Dans les années 1990, la libéralisation du commerce du riz avec les pays extérieurs à l’Union européenne soumet le riz de Camargue à une rude concurrence alors que celui-ci a été relancé dans les années 1980 par des aides publiques.  Les producteurs camarguais sont alors en difficulté car les conditions de culture en Camargue sont contraignantes. Il en résulte des rendements bien plus faibles qu’en Italie ou en Espagne alors que de surcroît les consommateurs tendent à préférer les riz longs parfumés au riz rond. En 2000 est ainsi créée l’IGP Riz de Camargue pour permettre aux producteurs de se différencier par la qualité. L’IGP est aujourd’hui soutenue par le dynamisme du riz biologique dont le succès ne se dément pas.

Le riz comme moyen de mettre en valeur le sol de la Camargue

La Provence est réputée pour sa production de riz, localisée en Camargue. Cette culture fut introduite au XIXe siècle, les premiers essais datant de 1841, dans le but de permettre le dessalement des marais jusqu’alors impropres à l’agriculture. Cette mise en valeur n’a été possible qu’à grands frais, par les importants investissements en matériel et en main d’œuvre auxquels ont consenti de grands propriétaires fonciers, parmi lesquels se trouve Paul Ricard qui s’est temporairement tourné vers l’agriculture lorsque les lois du régime de Vichy interdirent la vente des alcools d'un degré élevé. En effet, le sol salé de la Camargue est toxique pour les plantes au-delà d’un certain seuil. Ainsi, leur mise en culture s’obtient au prix d’importants travaux d’aménagement de canaux de drainage qui récupèrent les eaux douces du Rhône et évacuent les eaux salées vers l’étang de Vaccarès. Cela permet un lessivage du sol qui abaisse sa salinité mais doit être entretenu en permanence. 

L’Etat, par le biais du Génie rural, a également apporté une importante contribution à l’amélioration des sols. En 1953, un vaste plan d’assainissement fut ainsi mis en application par les efforts conjoints du Génie rural d’Arles et des exploitants agricoles. Il a consisté en un pompage des eaux en bassins fractionnés. Cette action fut complétée par la refonte du tracé des anciens réseaux d’irrigation. Les rizières occupent ainsi les bords supérieurs des bassins tandis que les bas-fonds ont conservé leur vocation traditionnelle de marais et de manades. Ce plan d’assainissement a ensuite nécessité des opérations de nivellement de rizières afin d’aplanir les champs. L’Etat est encore une fois intervenu sous forme de subventions aux agriculteurs. Ainsi soutenus, les agriculteurs deviennent des acteurs majeurs de l’aménagement du territoire et du paysage de la Camargue.  



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