1/9 - Accident de travail d’Étienne Naval, ouvrier travaillant pour la société Solvay et C^ie à Salin-de-Giraud, dossier, 1912. Arch. dép. Bouches-du-Rhône, 236 J 533.

L’entreprise Solvay, spécialisée dans la fabrication de la soude, a été fondée par un industriel belge, Ernest Solvay, entrepreneur éclairé et philanthrope, intéressé par la question sociale. L’entreprise accorde la plus grande attention à la dimension humaine : construction d’une cité ouvrière de 300 logements achevée en 1910 pouvant accueillir 400 familles, aménagement d’équipements publics tels que groupe scolaire, poste, salle communale, gendarmerie, hôpital privé, salle des fêtes, cinéma, terrain de foot, courts de tennis, arènes. Le personnel, qui a accès à des terrains pour le jardinage, perçoit des salaires supérieurs à ceux de l’usine voisine Péchiney, bénéficie de loyers très peu élevés ainsi que de la journée de 8 heures, d’une caisse de retraite et d’une semaine de congés dès 1907.

Dans les archives de l’entreprise déposées aux Archives départementales en 2010, on trouve des dossiers d’accidents de travail qui nous rappellent combien dangereux était le travail en usine. Le dossier d’Étienne Naval indique qu’il a eu la main et le poignet gauche écrasés le 7 mai 1912, ce qui a conduit à l’amputation de l'avant-bras gauche. L’accident a donné lieu à une reconnaissance d’incapacité permanente partielle de travail à 70 % et au versement d’une rente à partir du 20 septembre 1912. Même si l’entreprise se dédouane d’une quelconque responsabilité dans l’accident, ces mesures sont assez exceptionnelles au regard de ce qui avait habituellement cours : un renvoi quasi systématique de la faute sur l’ouvrier.

Ce dossier illustre la dangerosité des machines et la peur qu’elles peuvent susciter. On notera que dans la quasi-totalité des dossiers de ce type, c’est un défaut d’attention de l’ouvrier qui est invoqué et jamais la potentielle dangerosité de la machine.