1/2 - Les travaux d’aménagement du bassin Napoléon à Marseille, chromolithographies de Latour et Gassend, 1857-1858. Arch. dép. Bouches-du-Rhône, 7 F 14.

Vers 1835 se généralise le constat que le port de Marseille est définitivement trop petit et que les négociants et armateurs ont besoin de nouveaux entrepôts et d’emplacements plus vastes pour faire face à l’accroissement des tonnages, à la diversité des produits transportés et à l’augmentation globale du trafic. Or les quais sont déjà sur-occupés et le bassin naturel que forme la calanque du Lacydon a pris l’allure d’une épaisse forêt de mâts où tout déplacement semble périlleux pour la sécurité des navires, de leurs passagers et de leurs précieuses cargaisons.

Montluisant et Toussaint, ingénieurs des Ponts et Chaussées, optent pour une extension au nord de la ville, entre l’anse de l’Ourse et celle de la Joliette. Audacieux et visionnaires, les ingénieurs proposent de gagner sur la mer en édifiant une gigantesque digue qui protégera les bassins et de faire venir jusque sur les quais les voies ferrées du chemin de fer naissant : ainsi l’acheminement rapide dans l’arrière-pays des produits acheminés par la mer sera assuré.

Le défi technique est de taille. Personne n’a encore construit de jetée en pleine mer : parallèle à la côte, large de 21 m au niveau des basses eaux pour résister aux courants marins et ne pas s’écrouler sous la poussée du flot, elle sera consolidée par deux autres digues perpendiculaires.

Les travaux de construction du bassin de la Joliette commencent en 1844 et durent jusqu’en 1853. Il faut dégager de la place, aligner des maisons. Toutes les carrières de la région sont mises à contribution pour fournir les énormes blocs nécessaires au remblaiement et à la construction des digues. On invente alors de nouvelles machines de chantier : chalans avec rails, grue à vapeur, appontements à bascule, grue pivotante sur bateau.