Le chanoine Albanès

9 image(s)

Le chanoine Albanès

Né dans un milieu modeste à Auriol en 1822, Joseph Matthias Albanès, plus connu sous le nom de chanoine Albanès est un érudit et un grand historien de la Provence. Ses travaux sont toujours utilisés par les chercheurs en histoire. À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, nous vous proposons de découvrir cette figure méconnue.

Joseph Mathias Albanès est né le 24 février 1822 à Auriol, au sein d’une famille d’agriculteurs de neuf enfants.

Il se dirige tôt vers une carrière religieuse : entré au séminaire à 17 ans, il est ordonné prêtre cinq ans plus tard le 21 décembre 1844. En 1842, il était devenu tertiaire dominicain et prend à compter de cette date les prénoms de Joseph Hyacinthe.

Entre 1845 et 1871, il est vicaire dans des paroisses du centre de Marseille : Les Carmes (1845-1847), Les Réformés (1847-1854), Saint-Théodore (1854-1856), Notre-Dame du Mont (1856-1861), Saint-Joseph (1861-1862) puis de nouveau Saint-Théodore (1862-1871). Toutefois, son séjour à Rome en 1857 où il fait des études en vue de devenir docteur en théologie et droit canon constitue un tournant de son existence. Il va en effet consacrer les quarante années suivantes de sa vie à des recherches sur l’histoire, en particulier ecclésiastique, de la Provence. Devenu chanoine de la cathédrale de Marseille en 1871 puis historiographe du diocèse en 1878, il est également reconnu par le monde savant au niveau local, national (1875 correspondant du ministère de l’Instruction publique pour les travaux historiques et archéologiques, 1894 comité des travaux historiques et archéologiques) et international (1882 académie héraldique italienne, 1894 académie pontificale d’archéologie).  

 

Un faiseur de saints ?

Unissant une foi fervente à une approche scientifique des documents, le chanoine Albanès consacre une partie de ses ouvrages à des saints provençaux comme saint Théodore de Marseille, sainte Douceline, saint Benezet. Il est aussi chargé de soutenir la candidature à la béatification de personnalités religieuses : Urbain V (1310-1370), ancien abbé de Saint-Victor devenu l’un des papes d’Avignon et béatifié en 1870, mais aussi le dominicain André Abellon (vers 1370-1450), théologien et peintre religieux originaire de Saint-Maximin, béatifié en 1902, ou Bertrand de Garrigues, compagnon de saint Dominique (  – 1230), béatifié en 1881. Il est encore chargé de la cause de la visitandine Anne-Madeleine Rémuzat à l’origine de la consécration de la ville de Marseille au Sacré-Cœur en 1720 à l’occasion de la peste, qui sera déclarée vénérable en 1891.

 

Des archives des Bouches-du-Rhône à La Gallia christiana novissima.

Entre 1873 et 1888, il travaille pour les Archives départementales des Bouches-du-Rhône. Il y réalise notamment le classement du fonds de l’abbaye Saint-Victor de Marseille et l’analyse de son chartrier. Son inventaire est longtemps considéré comme une référence. À partir de 1888, il est chargé du catalogue des manuscrits des bibliothèques municipales provençales (Marseille, Aix, Arles, Draguignan, Toulon, Fréjus, Nice et Grasse), travail qui lui vaudra la Légion d’honneur en 1889 au titre du ministère de l’Instruction publique.

Publiant régulièrement des articles historiques, il s’attelle aussi à une grande œuvre : la Gallia christiana novissima doit prendre la suite de la Gallia christiana, un ouvrage d’érudition entamé au XVIIe siècle pour documenter l’histoire de tous les évêchés et les établissements religieux de France. Poursuivi irrégulièrement pendant deux siècles, cet ouvrage comprenait des erreurs que les avancées de l’érudition au XIXe siècle et les sources vaticanes consultées par le chanoine Albanès permettaient de rectifier. Les cinq tomes consacrés par le chanoine Albanès aux évêchés provençaux furent publiés après sa mort par un de ses collaborateurs, le chanoine Ulysse Chevalier, mais l’entreprise n’eut pas de suite dans d’autres régions : le temps de cette forme d’érudition ecclésiastique était sans doute passé, même si l’importance des institutions religieuses jusqu’à la Révolution française étend à l’histoire générale l’intérêt de ce type d’ouvrages.

 

La bibliothèque et les papiers du chanoine Albanès

Le chanoine Albanès décède de maladie le 3 mars 1897 quelques jours après son 75e anniversaire. Il est inhumé à Auriol dans le caveau familial

Son testament rédigé dès 1874 instituait sa sœur Delphine, qui vivait avec lui, légataire universelle, lui laissant « le peu que je possède ». Si la déclaration de succession faite après sa mort confirme la modicité de sa fortune, sa principale richesse toute intellectuelle, la bibliothèque qu’il a réunie au cours de sa vie, est vendue par sa sœur au Musée Arbaud d’Aix-en-Provence et ses papiers sont donnés au chanoine Ulysse Chevalier. C’est la sœur et héritière de celui-ci qui en fait don à la bibliothèque municipale de Marseille. Une partie de ce fonds constitué de correspondance et de notes sur les documents historiques est venue aux Archives départementales (sous-série 26 F), grâce au P. Amargier tandis que la Bibliothèque municipale conserve tout ce qui a trait à ses publications.

Le nom du chanoine Albanès a été donné à un boulevard du 10e arrondissement de Marseille, au quartier de La Pomme.



haut de page