Raymond-Bérenger V de Provence et Jean Cossa

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Raymond-Bérenger V de Provence et Jean Cossa

Raymond-Bérenger V de Provence (1205 ? – Aix-en-Provence, 1245), comte de Provence et de Forcalquier

Prince emblématique de la Provence médiévale, Raymond-Bérenger V devient comte de Provence et de Forcalquier en 1209 à la mort de son père mais, vu son jeune âge, ses oncles assurent la régence jusque vers 1220. Son règne constitue un tournant pour la Provence : il consolide le pouvoir comtal et lui donne l’envergure d’une véritable principauté dont l’indépendance s’affirme vis-à-vis du roi catalan et de l’empereur. Raymond-Bérenger V commence par unifier son territoire en obtenant l’hommage de ses vassaux et en combattant ceux qui le lui refusent, et le dote d’institutions en créant un embryon de chancellerie et en développant son administration, notamment judiciaire et fiscale. Il a également à cœur de se faire reconnaître comme un prince incontesté : il mène ainsi une lutte implacable contre Raymond VII de Toulouse dans les conflits territoriaux qui les opposent, mais tâche également d’obtenir davantage d’indépendance vis-à-vis de la couronne d’Aragon voisine, de l’empereur germanique Frédéric II, dont la Provence dépend depuis l’époque carolingienne, et du pape, la Provence étant devenue le terrain d’une lutte d’influence entre ces deux grands rivaux.

À cette fin, il mène une habile diplomatie en direction du roi de France, qu’il choisit comme arbitre dans les conflits qui l’opposent aux autres grands seigneurs. Père de quatre filles, il transforme l’absence d’héritier mâle en opportunité pour renforcer sa diplomatie par des liens matrimoniaux, notamment en 1234 par le mariage de sa fille Marguerite avec le futur Louis IX. Face au mouvement communal en plein essor depuis le XIIe siècle, Raymond-Bérenger V réussit à maintenir son pouvoir : il négocie habilement la soumission des villes en se présentant comme un arbitre entre les communes et les autorités ecclésiastiques traditionnelles, tout en concédant aux villes chartes et privilèges. Cela n’empêche cependant pas des conflits avec certaines villes comme Marseille, fréquemment en rébellion contre l’autorité comtale. À sa mort en 1245, Raymond-Bérenger a réussi à donner à la Provence les contours d’une puissante principauté. Ayant échoué à constituer une dynastie, il lègue son héritage à sa fille, Béatrice, qui épouse en 1246 le frère du roi de France, Charles d’Anjou.

Jean Cossa (Île d’Ischia, vers 1400 – Tarascon, 1476), grand sénéchal de Provence

D’origine napolitaine, Jean Cossa commence sa carrière au service de Louis III d’Anjou, comte de Provence et roi de Sicile, grâce à l’appui de son oncle Baldassare Cossa, élu pape par le concile de Pise en 1410 (antipape Jean XXIII). Passé comme chambellan au service de René d’Anjou, Jean Cossa réalise une brillante carrière à ses côtés et le sert fidèlement sa vie durant, accédant ainsi à la dignité de lieutenant général du roi en Provence en 1464, puis de sénéchal de Provence en 1470.

Cette fonction, tombée en désuétude, est recréée par le roi René en 1440. Le sénéchal se trouve à la tête de l’administration du comté de Provence, siège au conseil et doit représenter le roi lorsque celui-ci est absent. Cette charge nécessite donc d’avoir toute la confiance du roi. En plus de ses fonctions administratives, Jean Cossa s’illustre dans d’autres domaines, étant à plusieurs reprises chargé de missions diplomatiques et militaires en Italie. En signe de gratitude, le roi René lui octroie des terres à Grimaud, Marignane et Gignac, et le décore de l’ordre du Croissant, ordre de chevalerie qu’il a lui-même créé. À sa mort en 1476, Jean Cossa est solennellement inhumé dans l’église Sainte-Marthe de Tarascon.



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